Green Zone. De Rajiv Chandrasekaran.

septembre 8, 2010

Green Zone, récemment adapté en film de semi-fiction, est un livre documentaire réalisé par un journaliste qui a passé plusieurs années en Irak, pendant l’occupation américaine. Il y raconte la manière dont les occupants américains se sont installés et ont administré le pays, de manière documenté, à partir de son témoignage propre mais aussi des interviews et interventions de nombreux protagonistes (majoritairement américains mais pas uniquement, loin de là). Et, comment vous dire… on m’aurait proposé ça comme roman de fiction, j’aurais trouvé pas tellement réaliste, parce qu’être à ce point affairiste, incompétents et arrogants, quand même, à une telle échelle, il ne faut pas exagérer. Sauf que si, ça s’est vraiment passé comme ça : l’administration américaine d’occupation a atteint des sommets difficilement imaginables, d’abord dans le choix de responsables et d’intervenants totalement incompétents mais fidèles républicains du bord droit, dans les oppositions internes entre le Département d’Etat et la Défense (et les diverses autres factions politiques du gouvernement), ensuite dans la méconnaissance absolue du pays et de la région (et l’absence complète de volonté de la découvrir et de s’y adapter), et enfin par la paranoïa et l’enfermement complet des forces américaines dans la fameuse Zone Verte (dont même les personnels civils n’ont rapidement plus pu sortir pour aller voir ce qu’il se passait sur le terrain et rencontrer les irakiens, ce qui, pour mettre en place un gouvernement et reconstruire un pays donne forcément des résultats merveilleux). Bref, la chronique d’un désastre dans des proportions difficilement croyables mais suivant pourtant une logique d’intérêts politiciens et d’aveuglement inébranlable. C’est écrit de manière très lisible et agréable, ça passe tout seul, si ce n’est que ça donne vraiment envie de vomir, ou de bastonner un certain nombre de responsables, selon votre humeur du moment.

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