Contes libertins du Maghreb. De Nora Aceval.

juin 19, 2024

Des contes, très courts, issus de la tradition populaire et des campagnes du Maghreb, c’est pas souvent. Et la démarche est passionnante : essayer de sauvegarder un patrimoine qui est en train de disparaitre et qui a toujours été presque invisible tant il ne se raconte pas n’importe comment et surtout pas à n’importe qui. Le résultat est passionnant aussi, et étonnant. Pas tant parce que ça fait des histoires de cul, soyons clair, parce que ça reste sage. Enfin, ça parle directement de sexe, d’organes génitaux et de nudité, mais ce n’est pas souvent explicite, et on perçoit bien que c’est en effet transgressif et très spécial d’avoir un cadre pour en parler. Ce que ça révèle, ce que ça permet de toucher du doigt culturellement est pour aussi amusant qu’intéressant. Et pas seulement pour le rapport aux corps et à la sexualité, mais bien pour le rapport aux relations entre les sexes, la question de l’amour et de la conjugalité en général. Sans grand discours, ça permet de prendre la mesure de la distance entre hommes et femmes dans ces fonctionnements traditionnels, et de la manière dont les relations sont empreintes de ruses et de luttes relationnelles. Ruses et luttes dont la sexualité est à la fois la finalité et le moyen. C’est au final ça qui m’a frappé et que j’ai trouvé vraiment intéressant. Ce qui n’empêche pas les contes en eux-mêmes d’être amusants et bien tournés. Ils sont en général très courts, avec une ruse ou une situation cocasse comme élément structurant, voire principal. Ce qui m’a évoqué les formats de Nasrudin par exemple. L’humour et la provocation sont, avec mes références culturelles, assez tranquilles, voire parfois fades. Sans regard ethnologique, ça m’aurait sans doute paru un peu plat, mais ce regard, et le cumul des contes, fait que ça m’a bien plu.

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