Un texte touchant et important de Violaine :

Hésitations et pression sociale, un chouette éclairage :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sans-oser-le-demander/insecurite-linguistique-pourquoi-vous-cherchez-vos-mots-quand-vous-etes-mal-a-l-aise-7443253

Je trouve intéressant, bien que très désagréable (et fatiguant parce qu’il faut attentivement lire et faire le tri), de lire ce qu’élabore mes opposants idéologiques : ici, de la vraie droite dure intello qui s’attaque au wokisme 

Heureusement il nous reste quelques structures d’analyse critique

https://www.acrimed.org/Le-Pen-donnee-gagnante-rampe-de-lancement

Je vous avais fait la pub d’un livre sur le socialisme et la sexualité des femmes, voici une version féminisme

https://theconversation.com/les-feministes-ont-elles-une-sexualite-plus-epanouie-une-etude-canadienne-assure-que-oui-223659

Après des trucs comme ça, on ne peut pas jeter la pierre aux complotistes de manière aveugle…

Si vous êtes en association, une bonne ressource pour vos besoins numériques :

https://www.solidatech.fr/

L’histoire incroyable de l’homme qui a vécu dans un poumon d’acier toute sa longue vie !

https://www.bbc.com/news/health-68627630

L’anarchisme espagnol a produit un paquet de jolies choses, vous ne serez pas surpris-e de me l’entendre dire, mais je n’avais encore jamais découvert d’ouvrage pour enfants. Si celui-ci est représentatif, je veux bien en lire plus. Il s’agit d’un tout petit ouvrage, un format livret / petite édition à distribuer facilement. Quelques dizaines de pages avec peu de texte sur chaque page, ce qui est sans surprise adapté au public. Et c’est joli, parce que c’est direct, explicite et dans une langue claire (et un poil surannée, ce qui n’est pas désagréable). Une première partie explique ce qu’est l’anarchie et en quoi elle s’oppose à d’autres grandes idéologies. Si les termes sont passés de mode, en particulier sur les idéologies adverses, ce qu’ils rendent compréhensible reste très pertinent, et c’est amusant. Dans la deuxième partie, il s’agit, en dix points, de lister ce que nous devons faire pour nous montrer digne de l’anarchie (j’aime beaucoup cette formule, qui fait son âge, qui est assez moralisatrice, et que je trouve pourtant bienvenue). Dix valeurs donc, dix principes. Très simplement exposés, très ambitieux et utopiques, mais franchement rafraîchissants (N’asservies personne…). Malgré certains décalages dû au siècle écoulé depuis, je trouve la clarté et l’évidence enthousiaste vraiment agréables et engageants (non, non, je ne prétends pas être objectif). Le tout est mis en page avec des sérigraphies simples et colorées qui sont tout à fait raccord. En bref, je valide et je ne suis pas sûr que ce soit la peine d’essayer de faire mieux sur ce créneau.

De la sociologie marxiste, actuelle, ancrée dans de la recherche empirique et quantitative : c’est ça le truc de Erik Olin Wright (qui était un peu une pointure de la sociologie américaine, il se trouve). Nous sommes ici dans un bouquin qui est destiné à un public déjà armé (ou prêt à le devenir vite), et en particulier à des étudiant-es et férus de sociologie. C’est de l’écriture universitaire destinée à des non-spécialistes, mais dans la discipline. Une large place est donc faite à la clarification des concepts, de leur inscription dans telle ou telle tradition sociologique. Et ça, moi, j’ai bien aimé, parce que je ne suis pas formé sur les fondements épistémologiques, et c’était une manière efficace et utile de me renforcer là-dessus (en particulier sur Marx et Weber en termes de positions théoriques). Sur cette base très abstraite, l’auteur déroule ensuite un certain nombre d’hypothèses, qu’il résume et clarifie, et pour lesquelles il va ensuite détailler des méthodologies de recherches. Il explique la cuisine interne, et là encore, j’ai bien aimé : parce que je suis en mesure de comprendre, que j’avais envie de prendre le temps et que je n’en bouffe pas à longueur de journée : ce ne sera pas le cas de tout le monde. Tout ceci posé : des résulats, discussions, validations et ajustement. Qui renforcent certaines approches théoriques ou pas. Sur la manière dont les classes sont structurées, dont elles modifient et contraignent les parcours, les liens sociaux et la conscience de classe. C’est vraiment intéressant d’être dans le concret et les effets réels. Avec deux frustrations : malgré l’ambition très large, au final, on ne répond qu’à des morceaux (c’est bien normal, mais ça donne envie de plus) et c’est publié en 1997 donc sur certaines évolutions de la structure de classe, j’aurais vraiment envie d’une mise à jour. Mais j’aime vraiment cette confrontation des grandes prédictions à la réalité quantitative et ce que ça raconte (oui, bon, j’aime la sociologie, de toutes façons). La dernière partie, sur la même approche, vient interroger les interactions entre classe et genre, et c’est tout aussi bien (et plutôt rare pour l’époque des recherches en question). J’ai vraiment aimé, mais honnêtement, il faut avoir envie de lire de la recherche (synthétique et compréhensible) en sociologie marxiste, qui sort des vieux dogmes en suit une voie scientifique sérieuse sans perdre de vue l’objectif de changer le monde et dépasser le capitalisme.

L’intersection du désir (et de la sexualité) et du politique, c’est le principe de cette collection. Jusque là, on était plutôt sur des thèmes intimes qu’il s’agissait de politiser. Ici, je trouve que c’est l’inverse. Parler de politique sur le registre du désir. Interroger le politique par ce qu’il nous provoque de désir, d’amour, ou pas. Et j’aime beaucoup cette idée (qu’on trouvait de manière beaucoup moins directe et beaucoup plus sage dans Joie militante par exemple). Il se trouve que j’ai beaucoup aimé la forme aussi, et qu’elle est en cohérence avec le propos. Ce n’est pas un essai théorique, c’est un texte personnel, poétique, foisonnant. Ce qui est tout à fait en accord avec le fait que l’autrice est artiste. Ce qui ne signifie pas du tout que ce n’est pas réfléchi, bien au contraire, mais c’est pensé et raconté autrement. En faisant notamment miroir entre sa vie amoureuse et son investissement politique, en dévoilant à quel point les mouvements du désir, ses élans et ses replis, sont du même ordre. Et à quel point aussi, on peut considérer que les déterminants de ces mouvements sont les mêmes et qu’ils ont maille à partir avec la vie. Plus clairement : avec le fait que le désir relève du vivant et du mobile, et qu’il survit mal à l’institutionnalisation, à la mise en forme structurée et close. Sur le champ amoureux, ce sont des questionnements qui m’ont tout à fait parlé, mais sans venir trop agiter de choses inattendues. J’ai trouvé ça réjouissant et ça me pose des questions, mais ce ne sont pas des surprises. Sur le champ politique, je trouve que le questionnement marche aussi bien mais il m’a bien plus surpris et il m’ouvre des champs potentiellement féconds. C’est un texte qui donne envie de toutes façons, qui est plein d’énergie et d’élan. Et qui est donc très agréable à lire, joyeux. Et je pense que c’est aussi lié au fait que l’autrice soit québecoise (pas tant pour les expressions, même si elles sont joyeusement assumées) mais pour la capacité à penser sans grandes formules et sans grands mots, de manière plus directe. Un livre joyeux, court et qui pose des questions engageantes, donc.

Maud Simonet travaille sur le travail, et visiblement très en détail, avec une approche théorique approfondie, et elle sait aussi en rendre compte de manière simple et accessible. Ce petit livre propose de rentrer dans ce sujet, sans besoin de bases théoriques élaborées ni de trop d’heures. J’en suis ressorti avec plein de nouvelles questions, et surtout une nouvelle manière de penser la question, ce qui est à mon sens très bon signe. Les premiers éléments n’étaient pas complètement une découverte, puisqu’il s’agit de récapituler un certain nombre de questions portées par des théoriciennes féministes, donc Delphy et Fédérici. C’est bienvenu et c’est efficace. Mais Maud Simonnet ne s’arrête pas là, elle va ensuite proposer de changer complètement de prisme pour sortir d’une vision très androcentrée et productiviste du travail, pas seulement pour inscrire le travail des femmes et le travail gratuit dans ce cadre androcentré. Et, oui, ça change la donne. Notamment sur la prise en compte d’un certain nombre d’autres formes de travail gratuit, par exemple les stages, le bénévolat associatif et ce genre de choses. Avec ça, elle définit notamment la manière dont notre système actuel extrait du travail gratuit par la force de la promesse (d’embauche future, d’intégration, d’expérience valorisable). C’est une manière de voir nouvelle pour moi et ça permet de mieux comprendre et de mieux percevoir certaines dimensions du travail. Et ça ouvre une champ de questionnement et de recherche nouveau, qui n’est pas explicité ici, et qui n’existe pas forcément encore, mais c’est sur cette projection que se termine ce petit livre. La rédaction est tout à fait lisible, pour de la théorie rendue accessible et synthétique, et la mise en forme très agréable et aérée. Si le sujet vous intrigue, c’est un très intéressant point d’entrée dans un domaine que je découvre moi-même.

Mathieu Palain est journaliste et il se retrouve à traiter de la questions des violences conjugales plus ou moins par hasard, ou en tout cas sans conviction ou intérêt très marqué. Et il va plonger dans le sujet, prendre la mesure des violences faites aux femmes et se questionner très directement sur le profil et le fonctionnement des hommes violents. Il va enquêter. C’est donc un récit journalistique, et pas un travail scientifique, la différence est importante même s’il rencontre et interroge des spécialistes. J’ai vraiment eu l’impression d’un format documentaire télé mais en livre. Ce qui n’est en rien une critique, parce que j’ai trouvé ce livre tout à fait marquant et très prenant. L’auteur essaie sincèrement de comprendre pourquoi les hommes sont si souvent violents, et d’aller au-delà des constats structurels et statistiques (qu’il expose et identifie clairement) pour tenter de plonger dans la manière de penser des hommes violents. Qui sont potentiellement tout le monde, d’où le sous-titre : nos frères, nos pères, nos amis. Sans surprise, c’est assez glaçant. Les récits et témoignages le sont, en particulier ceux qui mettent en miroir le récit des victimes et celui des coupables, dans ce qu’ils montrent de déni et d’occultation. Dans ce qu’ils montrent aussi de fonctionnements psychologiques abîmés et parfois rudimentaires. L’auteur fait d’ailleurs un lien fort (avec l’appui de professionnel-les) entre maltraitance dans l’enfance (et/ou milieu familial violent en général) et violence à l’âge adulte, avec une lecture de lien assez intelligente (avec une limite : je n’ai pas l’assise scientifique pour en juger vraiment, et il ne la donne pas non plus). J’ai trouvé dans ce livre quelque chose d’incarné pour prendre la mesure de phénomènes que je n’avais abordé que sur un mode sociologique : c’est frappant et ça remue, et ça a aussi, il faut l’avouer, un côté voyeur pas très sain. Je pense qu’au total, c’est un livre qui peut aider à la prise de conscience (à différents niveaux) et qui donne des clés de compréhension utiles.

Quatrième et dernier tome de cette série dépaysante et dynamique, la Tempête des échos réussit à clore le parcours de l’ensemble des personnages et à répondre aux grandes questions soulevées au fil des trois tomes précédents sur les origines de ce monde, ce qui n’était pas une mince affaire. Comme il y avait beaucoup de personnages et beaucoup de questions (dont certaines de grande ampleur), tout n’est pas approfondi de la même manière, mais tout se tient. On sent que l’autrice avait un vrai plan et qu’elle l’a suivi avec attention, j’ai vraiment apprécié cette cohérence et cette complétude. Alors, certes, les trajectoires de certains personnages sont parfois rapides, mais elles ont toutes leur place et aucune ne m’a donné l’impression d’être expédiée ni de trahir la psychologie de fond de qui que ce soit. Quant à la grande explication ultime de toutes les questions, et ben je trouve qu’elle fonctionne tout à fait bien, alors que j’avais quelques doutes. Elle est même maline sur pas mal d’aspects. En fait, elle est très maline en termes de psychologie, et elle reste dans la magie du point de vue métaphysique, et dans le cas présent, je préfère largement ça que l’inverse. En fait, c’est tout à fait ce que j’attendais, sans le savoir, parce que la force principale de la série est là. Enfin, elle est dans la psychologie des personnages et dans le côté baroque et composite du monde. Et pour ce qui est de baroque et de patchwork, c’est dans la continuité des précédents, avec une série de lieux nouveaux et d’ambiances étranges qui conduisent au grand final. Et à un épilogue ouvert, ce qui est dans le cas présent réjouissant et très adapté. C’est donc une série que j’aurais lu rapidement, ce qui est bon signe, et appréciée jusqu’au bout.

Vierges, c’est un format BD documentaire comme on en trouve de plus en plus, avec Elise Thiébault à l’écriture, sur la virginité et son histoire culturelle. En tout cas, c’est ce qui est annoncé, et c’est ce qui m’attirait. Et c’est en partie ça, mais seulement en partie. En fait, le champ est large, pour parler de la virginité, et l’autrice choisit de parler de tout, dans un volume pas si gros. Donc c’est beaucoup de survol, et beaucoup d’efforts faits pour rendre accessible et faire le lien avec le vécu quotidien de la vraie vie. Elise Thiébault raconte donc ce qu’elle a vécu elle, et comment ensuite elle s’est documentée. Ce qu’elle fait avec humour, et qui permettra je pense à des lecteurices jeunes et pas forcément à l’aise avec le sujet d’y entrer facilement et de déconstruire un certain nombre d’idées préconçues tout à fait dangereuses. Une grande partie de l’ouvrage est consacrée à ce travail de vulgarisation féministe. Qui est de mon point de vue très utile et très bien fait. Mais : je ne suis pas le public donc en termes d’attentes personnelles j’ai été un peu déçu. La partie pour laquelle je venais constitue le dernier tiers, voire un peu moins : quelle est la place de la virginité dans l’imaginaire de différentes cultures et époques. Ce qui fait que c’est un survol. Intéressant, mais rapide. Si je mets de côté mes attentes, je pense que c’est un balayage réussi et tout à fait utile du thème. La mise en BD est chouette, avec un dessin que je trouve plaisant, et un humour réussi. Au total, je ne trouve pas ça très marquant, mais c’est tout à fait bien pensé et réalisé, avec de l’humour, et ça traite de manière directe et intelligente d’un sujet qui mérite largement de l’être (et qui l’est peu, me semble-t-il). Je parierai même que c’est potentiellement salvateur pour certaines mais je ne suis pas le mieux placé pour en juger.

J’avais jusque là une expérience des livres audio pour enfants limitée à des propositions gratuites ou des enregistrements de magazines. Ce qui était de mon point de vue d’un intérêt réduit : certes, ça fait le job pour ce qui est de ne pas avoir à lire, mais ça n’apporte rien (voire dans certains cas c’est un peu irritant). Bref, j’en avais conclu que ce n’était pas tellement la peine de creuser ni d’aller dépenser des sous pour ça. Je viens de découvrir que j’avais bien tort, voyez-vous. Avec ce conte enthousiasmant, aux éditions Ouï-dire. C’est un conte, déjà, et pas une histoire lue. C’est-à-dire que c’est un vrai conteur qui a été enregistré, et ça fait une sacrée grosse différence, de rythme, de diction, d’oralité. C’est le jour et la nuit. Comme je disais : je ne mesurais pas à quel point ça pouvait être autre chose. Et ici, qui plus est, il y a une mise en musique, plein de vie, d’humour, très engageante et très adaptée. En parfait accord avec le conteur, en fait. La principale intéressée a dansé certains passages dès la première écoute, et moi aussi (et certains moments me sont revenus toute la journée après la première écoute). Cette superbe réalisation est au service d’un conte traditionnel drôle et riche, qui est prenant, et amusant, à tous les âges. Je suis bien content d’avoir changé d’avis et j’ai vraiment beaucoup apprécié ce CD (et je ne suis pas le seul).

Six ans, c’est l’âge où on peut commencer des jeux aux mécanismes un peu plus complexes et donc un peu plus intéressants pour moi (oui, c’est vraiment cool). Cette nouveauté propose une variation étonnante et réussie de jeux de placement et d’optimisation (en particulier de roll and write). Thématiquement, on va placer des animaux dans sa ferme en essayant de les organiser en paquets bien rangés pour gagner des points. Ce qui fonctionne, pas de problème. Le truc qui ajoute beaucoup d’intérêt, c’est les tampons. Pour placer un animal, on le tamponne sur sa feuille. Ce qui est à la fois un geste séduisant et une source de tension très bienvenue : on ne pourra pas déplacer ensuite. Rien que ça, ça fait presque le jeu. Et de fait, sans les options, le jeu, c’est ça. On tamponne, on fait des jolis groupes, et pour peu que les règles soient intégrées, on finit toustes à égalité. Peut-être que ça semble idiot, mais c’est plaisant en vrai. Une fois cette base acquise, on peut rajouter les options : trois objectifs spécifiques, qui vont varier chaque partie. Des points si les vaches sont loin des poules, ou si un cochon à une botte de paille, ou si il y a des oies à coté de la haie, etc. Et avec ça, on ne fait plus d’égalités, mais surtout on se fait vite des noeuds à la tête, adultes compris. Sérieusement, ça en fait un vrai jeux de choix stratégiques et tactiques, de prise de risque et d’optimisation. En résumé : je joue pour de vrai moi aussi et je ne trouve pas ça évident et prédéterminé. Ce qui est tout de même un bel équilibre pour jouer en famille. Je n’ai qu’une seule réserve : un titre dont je n’arrive pas à décider si il est nul ou si au contraire son absurdité permet de le retenir, vous me donnerez votre avis. Au total, ce jeu est une très bonne surprise qui a déjà fait pas mal d’usage chez nous et je vous recommande très franchement de l’essayer.