No fear of the dark. De Hartmut Rosa.

juin 19, 2024

Jusque là, je connaissais Hartmut Rosa comme philosophe pas facile à lire, qui écrivait sur l’accélération, et comme sociologue pas facile à lire non plus qui théorise la résonance. Autant que c’était pas des lectures dans lesquelles j’envisageais de me lancer pour le plaisir. Et là, il sort un bouquin sur un tout autre registre, une sociologie du heavy metal. Par un philosophe et sociologue qui aime bien les grosses théories, mais aussi par un fan de métal qui avait envie de faire un livre accessible. J’ai l’impression que ce contraste l’amusait autant que moi. Et, franchement, ça tient ses promesses. Sur la forme, c’est vraiment chouette parce que c’est écrit pour être lisible par des fans de métal, et pour être suffisamment solide pour être lu aussi par des collègues sociologues sans honte, et que cet équilibre est respecté tout le long et fonctionne : c’est tout à fait nourissant intellectuellement, mais franchement accessible (moyennant l’envie d’absorber des résumés courts d’idées théoriques). Et sur le fond, c’est étonnamment intéressant. Parce que c’est de la sociologie, bien sûr, et que la sociologie c’est toujours cool. Mais dans celui-ci, la partie descriptive classique : qui en écoute, comment c’est produit, etc. est finalement assez réduite. Intéressante mais réduite. C’est encore plus intéressant, de mon point de vue, dans toutes les parties où il tente de qualifier ce qu’est le métal, ce qui fait son essence, et ce que ça produit chez le public, et donc de clarifier en quoi c’est une culture musicale particulière. Et ça, j’ai vraiment aimé, parce que ça recoupe une partie de mon expérience vécue (et de la sienne encore plus, parce que c’est un vrai) et que de classer ça comme une démarche romantique (en terme d’histoire de l’art) qui touche à des enjeux existentiels et spirituels sans proposer de réponse ou de théorisation, ben ça marche carrément. Il fait le lien avec sa théorie de la résonance, et ça fonctionne très bien. Donc oui, ça théorise, ça éclaire, et ça donne un sens et un contexte à du vécu et de l’observé. Je venais pour me distraire et me réjouir, et j’ai eu en plus un regard assez profond sur une musique que j’ai beaucoup pratiquée. Tout bon, en ce qui me concerne. avec en plus, une playlist à explorer, parce que bien sûr tout est illustré avec des vrais morceaux et des vrais textes.

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