Pourquoi la classe compte. De Erik Olin Wright.

mars 26, 2024

De la sociologie marxiste, actuelle, ancrée dans de la recherche empirique et quantitative : c’est ça le truc de Erik Olin Wright (qui était un peu une pointure de la sociologie américaine, il se trouve). Nous sommes ici dans un bouquin qui est destiné à un public déjà armé (ou prêt à le devenir vite), et en particulier à des étudiant-es et férus de sociologie. C’est de l’écriture universitaire destinée à des non-spécialistes, mais dans la discipline. Une large place est donc faite à la clarification des concepts, de leur inscription dans telle ou telle tradition sociologique. Et ça, moi, j’ai bien aimé, parce que je ne suis pas formé sur les fondements épistémologiques, et c’était une manière efficace et utile de me renforcer là-dessus (en particulier sur Marx et Weber en termes de positions théoriques). Sur cette base très abstraite, l’auteur déroule ensuite un certain nombre d’hypothèses, qu’il résume et clarifie, et pour lesquelles il va ensuite détailler des méthodologies de recherches. Il explique la cuisine interne, et là encore, j’ai bien aimé : parce que je suis en mesure de comprendre, que j’avais envie de prendre le temps et que je n’en bouffe pas à longueur de journée : ce ne sera pas le cas de tout le monde. Tout ceci posé : des résulats, discussions, validations et ajustement. Qui renforcent certaines approches théoriques ou pas. Sur la manière dont les classes sont structurées, dont elles modifient et contraignent les parcours, les liens sociaux et la conscience de classe. C’est vraiment intéressant d’être dans le concret et les effets réels. Avec deux frustrations : malgré l’ambition très large, au final, on ne répond qu’à des morceaux (c’est bien normal, mais ça donne envie de plus) et c’est publié en 1997 donc sur certaines évolutions de la structure de classe, j’aurais vraiment envie d’une mise à jour. Mais j’aime vraiment cette confrontation des grandes prédictions à la réalité quantitative et ce que ça raconte (oui, bon, j’aime la sociologie, de toutes façons). La dernière partie, sur la même approche, vient interroger les interactions entre classe et genre, et c’est tout aussi bien (et plutôt rare pour l’époque des recherches en question). J’ai vraiment aimé, mais honnêtement, il faut avoir envie de lire de la recherche (synthétique et compréhensible) en sociologie marxiste, qui sort des vieux dogmes en suit une voie scientifique sérieuse sans perdre de vue l’objectif de changer le monde et dépasser le capitalisme.

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